Actualités : De facto

Maria et les oiseaux : étape de travail publique

? Le samedi 12 octobre 2024 à partir de 14h
? 163, Rue du Croissant à Forest

Suite à deux semaines de résidence, les 11 acteur·ices vous invitent à découvrir le processus de travail en cours sous la forme d’une lecture de l’intégralité du texte. 

Déroulé de la présentation : 

  • 14h00 : Chapitre 1 (1945-1959)
  • 15h00 : Entracte (10 minutes)
  • 15h10 : Chapitre 2 (1960-1970)
  • 16h10 : Entracte (30 minutes)
  • 16h40 : Chapitre 3 (1970-1989)
  • 17h40 : Entracte (10 minutes)
  • 17h50 : Chapitre 4 (1990-2025)
  • 19h00 : Temps d’échange convivial 

 

Entrée libre avec réservation obligatoire via l’adresse : reservation@defacto-asbl.be 

 

Il sera possible d’assister à tout ou partie de la présentation. Les entractes permettront d’entrer et sortir facilement et librement. Il sera également possible, au besoin, d’arriver ou de quitter la présentation en cours. 

à propos du spectacle

Qui souhaite nous rejoindre ?

Dans le cadre de la création du spectacle Maria et les oiseaux (Histoires de Belgique), De Facto recherche un·e collaborateur·ice (f/h/x) en renfort production – médiation – diffusion pour un volume total de 10 à 12 semaines, à répartir entre septembre 2024 et mai 2025.

L’annonce complète et les modalités de recrutement ont été publiées sur le site Culture.be

Save the dates (and the democracy)

 

Maria et les oiseaux – Histoires de Belgique

Création 2025

Étapes de travail publiques :

  • 12 octobre 2024 – 14h00 – Bruxelles (Salle 163 Croissants à Forest)- accès libre, réservation souhaitée
  • 12 avril 2025 – 14h00 – Bruxelles (Maison-Poème à Saint-Gilles)
  • 4 mai 2025 – 14h00 – Bruxelles (Le Labeur à Anderlecht)

 

Premières représentations à la Maison de la culture de Tournai les 17, 19 et 20 mai 2025 ; reprise chez les partenaires de coproduction en novembre 2025.

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Déni Collection (Place du Jeu de Balle)

Création collective – 2027

Sortie de résidence publique : 8 février 2025Maison-Poème à Saint-Gilles (Bruxelles)

Recherche de partenaires en cours

Contact production

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Sidérations

(De Facto a vingt ans en 2024)

 

Comment, en ce début d’été, partager avec vous notre enthousiasme au travail et notre grande impatience à vous retrouver bientôt, alors que l’actualité politique est si profondément anxiogène, inédite et glaçante  ?

Comment «  communiquer  » (youpie, tralalère, ça va être super) quand on est littéralement sidéré·es (ceci ne peut pas réellement être en train de se produire)  ?

Peut-être en faisant le détour par notre histoire  ?

Peut-être en nous rappelant que le plateau, conçu comme lieu d’échanges, a été, est et sera, vaille que vaille, le lieu de notre engagement, aux sens physique comme éthique du terme.

Alors voici une tentative.

Celle du récit des origines de notre compagnie vu par le prisme de l’antifascisme.

Ma première expérience de mise en scène date de la saison 2002-2003. Alors étudiant à l’ULB, avec un camarade presque aussi inexpérimenté que moi, nous animions joyeusement l’atelier-théâtre du Cercle de romanes.

Au printemps 2002, nous avions à choisir la pièce de l’année suivante et nous nous trouvions en état de sidération : Jean-Marie Le Pen venait d’accéder au second tour de l’élection présidentielle française. Vingtenaires, nous suivions alors de près la politique française, plus largement médiatisée, plus facile à appréhender, plus réductible à des enjeux idéologiques immédiatement cernables, que celle qui nous concernait plus directement, nous, jeunes wallons vivants à Bruxelles depuis peu.

Avec Nicolas (le camarade en question), face à cette menace inédite qui pesait sur nos voisins et nous pétrifiait, prendre la parole à propos d’autre chose nous semblait impossible. Nous avons donc choisi Brecht : La résistible ascension d’Arturo Ui d’une part, le diptyque Celui qui dit oui / Celui qui dit non d’autre part (les deux pièces courtes encadrant sous l’apparence d’un prologue et d’un épilogue la « grosse pièce » retraçant la montée du nazisme dans l’Allemagne du début des années 30).

Un peu solennellement mais aussi déjà convaincus par l’importance de l’adresse, on avait donné pour titre à l’ensemble J’ai quelque chose à vous dire. Un de nos professeurs, le grand historien des nationalismes José Gotovitch, avait accepté d’enregistrer pour nous en voix off le texte des cartons brechtiens que nous diffusions sur des images d’archives muettes de l’Allemagne hitlérienne. José Gotovitch est décédé en février dernier et sa disponibilité à notre égard m’émeut encore aujourd’hui, lui dont les convictions étaient si superbement contagieuses.

Un an plus tard, nous montions dans le même cadre Café des patriotes, de Jean-Marie Piemme, pièce où, sur fond de Belgique meurtrie par des attentats, un jeune couple de notre âge se trouvait confronté à deux visages de l’extrême droite : l’une joviale et populiste (un patron de bistrot aux idées rapides), l’autre intellectuelle et inquiétante (un conseiller de l’ombre calculateur et cynique). Notre groupe était soudé, déterminé, nous travaillions dans la joie et l’idée ancrée profondément que le théâtre changeait celles et ceux qui s’y rassemblaient, dans la salle comme sur la scène.

Ces textes de Brecht et de Piemme auscultaient les compromissions pour tenter de comprendre l’attrait qu’exerce parfois le danger majuscule et pour approcher le mystère qui pousse certain·es à choisir librement des représentants liberticides, ontologiquement malhonnêtes et héritiers de criminels qui s’assument, prônant et organisant l’inégalité entre les individus et discriminant violemment certains groupes sociaux. Les compromissions auscultées étaient celles de la bourgeoisie, des milieux d’affaires, des vénaux, des lâches et celles, bien plus tristes, des aveugles manipulés et des laissé·es pour compte qu’on n’entend plus.

C’était il y a vingt ans, en 2004, année de la fondation de notre compagnie.

L’antifascisme est constitutif de notre théâtre.

Probablement, l’antifascisme est constitutif du théâtre-même, cet art de l’Altérité, qui n’a de sens et de force que dans la rencontre du Différent.

En affirmant depuis vingt ans et presque autant de spectacles notre désir d’entrer en contact avec nos contemporain·es, pour partager nos angoisses et nos refus, mais aussi notre aspiration à regarder le monde en face, avec ses injustices insupportables, ses mécanismes qui créent les laissé·es pour compte, ses fonctionnements paradoxaux et ses émotions fortes dans la rencontre, nous avons cru, humblement mais fermement, oeuvrer à une société plus libre, plus joyeuse, peut-être même plus belle par instants.

En vingt ans nous n’avons pas changé (ou si peu).

Notre sidération face à la réalité politique est plus forte encore aujourd’hui qu’en 2002. Et notre désir de (faire) théâtre n’en est que vivifié.

Sommes-nous de petits Don Quichotte qui s’ignorent ? Au moment où la menace de gouvernements alliant l’extrême droite aux ultra-libéraux est imminente (dans le pays où nous avons le plus joué nos pièces comme dans celui où nous les créons), notre réflexe  premier est de réaffirmer par nos spectacles et nos manières de les monter notre refus catégorique de voir s’appliquer des politiques discriminatoires, inégalitaires et liberticides.

Nous battons-nous contre des moulins à vent en opposant aux phrases racistes et anti-chômeurs que la droite emprunte aux fascistes pour gagner des électeurs, un travail de fond, le plus rigoureux possible, où la complexité du réel est abordée sans oeillères mais avec considération pour l’Autre (Celle et Celui dont on parle comme Ceux et Celles à qui l’on s’adresse) ?

Dans le fracas mondial, face à l’effroi de Gaza ou au Grand Déni écologique, c’est infiniment rien bien sûr. Mais quoi faire d’autre que s’engager du mieux qu’on peut là où l’on est ? Et, tel Alonso Quijano sans doute, armé des seules forces de l’imagination (mais quelles forces), tenter de porter cet engagement avec tout le sens de l’honneur et toute la flamboyance dont nous sommes peut-être capables.

Les spectacles que nous préparons actuellement et auxquels nous vous convions pour plusieurs étapes de travail (avant une première à Tournai en mai prochain et une reprise à Bruxelles, Mons et La Louvière en novembre suivant) ont cette ambition là. Ils interrogent notre héritage, exercent un droit d’inventaire du passé pour notre présent, tentent de comprendre le sentiment nationaliste, dissèquent l’étrange « fédéralisme de désunion » qui caractérise notre État ces dernières décennies. Et ils le font avec un élan que rien n’atteint, un désir plus fort que jamais. Peut-être devons-nous désormais aussi les envisager au plus près des lieux de lutte du quotidien.

Nous souhaitons à chacun·e tout le courage possible pour les temps qui arrivent, et particulièrement à toutes celles et ceux qui savent leurs droits désormais directement menacés. Nous pensons à vous.

antoine

 

illustration : James Ensor – Le Christ marchant sur les eaux (détail), 1883

En préparation

Depuis fin novembre 2023 et l’annonce des subventions structurelles pour la période 2024-2028, nous sommes activement en préparation de trois nouvelles créations :

MARIA ET LES OISEAUX – HISTOIRES DE BELGIQUE, une fresque pour onze acteurices qui dresse l’inventaire de ce qui a constitué la mémoire collective en Belgique francophone depuis 1945.  Trois étapes de travail publiques auront lieu les 12 octobre 2024, 12 avril 2025 et le 4 mai 2025 à Bruxelles, avant la première du spectacle le 17 mai 2025 à Tournai et une tournée à l’automne suivant.

SAUVAGE EST CELUI QUI SE SAUVE, d’après le livre éponyme de Veronika Mabardi. Création 2026.

DÉNI COLLECTION, création collective transgénérationnelle reliant héritage artistique et futur institutionnel des francophones de Belgique. Création 2027.

Les sources du bien sont plus mystérieuses que celles du mal

« Nous sommes là, explique-t-il, chez les Chamites, une race inférieure à celle des Sémites, des créatures laides, caractérisées par “des chevelures crépues, des nez odieusement camards, des lèvres en gueule d’esturgeon, une odeur de beurre rance” [E. Picard, En Congolie, Larcier, Bruxelles, 1896, p.76]. Il faut, déclare notre ethnologue, renoncer aux rêves ingénus d’une unification de ces Chamites et des Aryens, non seulement dans une égalité corporelle par le métissage, mais aussi dans une égalité psychique par l’éducation. L’irréductible différence des races rend un tel dessin impossible. Le Noir, précise-t-il, est imitateur comme le singe ; cette dextérité peut faire naître l’illusion d’une assimilation possible, mais un abîme infranchissable séparera toujours l’imitateur du créateur. Le Nègre peut tout au plus espérer devenir “le collaborateur subalterne du Blanc” et accomplir correctement quelques besognes subalternes. »

Foulek Ringelheim, Un jurisconsulte de Race : Edmond Picard, Larcier, 1999, p. 77 (coll. Petites fugues)

Ce qui suit m’est indirectement inspiré par la lecture d’un livre, Dolly, récit de la vie du résistant communiste juif Jacques Günzig, déporté depuis Anvers à Mauthausen où il mourut en 1942. J’y reviendrai dans un autre texte. Ce récit m’a replongé dans les horreurs de la Seconde Guerre mondiale.

*

 

Edmond Picard (Bruxelles 1836-Dave 1924) est un brillant juriste belge. Il a fondé deux revues dont l’une, le Journal des Tribunaux, est toujours une référence. Il fut par ailleurs romancier, journaliste et animateur de cercles artistiques qui ont fait date. Bourgeois établi mais socialiste de la première heure, engagé au sein du Parti ouvrier belge (dont il sera l’un des premiers sénateurs), il s’est battu pour le suffrage universel (masculin…) et a dénoncé les tortures infligées aux populations congolaises par le régime de Léopold II.

Picard tenait salon dans sa maison bourgeoise érigée au croisement de l’avenue Louise et de l’avenue de la Toison d’Or (n°56, aujourd’hui détruite), dans le nouveau faubourg développé aux abords des grands boulevards qui remplacèrent la seconde enceinte de Bruxelles, démantelée, puis aménagée en promenade arborée dans les années 1850.

Les familiers de la maison sont Eugène Demolder, Jules Destrée, Camille Lemonnier, Maurice Maeterlinck, Constantin Meunier, Georges Rodenbach, Émile Verhaeren… ; ses visiteurs occasionnels : Odilon Redon, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent Van Gogh, Paul Verlaine…

Nombres d’hommages lui ont été rendus au moment de sa mort.

Une rue porte son nom, à cheval sur les communes d’Ixelles et Uccle. Honorant sa carrière de juriste, brillant et arrogant, son buste se trouve au Palais de justice de Bruxelles.

Edmond Picard était aussi ouvertement raciste et antisémite. Il a produit des écrits vantant la supériorité de la race aryenne. Selon sa vision nationaliste, le génie belge procède de la fusion des psychologies germanique et latine.

Il y aurait beaucoup à écrire sur les liens paradoxaux qu’un certain socialisme entreti(e)nt avec l’antisémitisme et le colonialisme.

Dans son livre cité en exergue, Foulek Ringelheim a compilé, pour les dénoncer, une série d’atrocités écrites par Picard.

La publication de ce livre avait été précédée d’une série de conférences données par son auteur. L’une d’elle s’est tenue au Palais de justice, en février 1994.

L’avocat bruxellois Michel Graindorge (Namur 1939-Uccle 2015) y assistait. Vous avez peut-être vu l’émouvant spectacle que sa fille, Catherine, avait consacré à la mémoire de son père…

Excédé par ce qu’il y avait appris, il s’était précipité sur le buste de Picard pour le renverser, dans un geste politique, et avait été condamné de ce fait. Ébréchée, la statue retrouvera sa place quelques années plus tard.

C’est l’éternelle question du traitement de l’héritage mémoriel contenu dans l’espace public.

Il y a quelques jours, les bourgmestres d’Ixelles et Uccle ont communiqué leur souhait de débaptiser la rue Picard pour lui donner le nom d’Andrée Geulen (Schaerbeek 1921-Ixelles 2022).

À l’opposée du spectre politique, Andrée Geulen, comme Jacques Günzig, est une figure de la résistance belge. Jeune institutrice de 21 ans, elle s’est engagée dans un réseau, le Comité de défense des Juifs, et a contribué à cacher des centaines d’enfants promis à l’extermination par les nazis et leurs collaborateurs. Son témoignage d’une simplicité désarmante se trouve en suivant ce lien.

La mémoire de Picard est, hélas, mieux connue que celle d’Andrée Geulen.

D’une certaine manière, notre spectacle constituera aussi une œuvre de mémoire. Je tâcherai d’être attentif à évoquer des figures ou des initiatives positives ayant émané de la société civile pour en nourrir notre imaginaire commun.

Renaud

Un lundi sur deux, Renaud Van Camp publie ici un texte original en lien direct ou indirect avec le travail en cours sur le spectacle Maria et les oiseaux (histoires de Belgique) (création 24-25).

L’histoire, cette chose toujours nouvelle et qui n’a pas changé ?

« Durant tout le cours de la guerre, les belligérants ont mis particulièrement deux sciences en réquisition : l’histoire et la chimie. Celle-ci leur a fourni des explosifs et des gaz ; celle-là, des prétextes, des justifications ou des excuses. Mais leur sort a été bien différent. La nécessité imposée à la chimie ne contrariant point sa nature, elle a pu, tout en servant les armées, faire de précieuses découvertes. L’histoire, au contraire, en se jetant dans l’arène y a perdu trop souvent ce en quoi consiste son essence même : la critique et l’impartialité. Il lui est arrivé de se laisser emporter par la passion, de défendre des thèses, de ne plus se soucier de comprendre et de se subordonner aux militaires et aux politiques »

Henri Pirenne, « De la méthode comparative en histoire », discours prononcé à la séance d’ouverture du Ve congrès international des sciences historiques, le 9 avril 1923

 

Mes deux grandes culpabilités d’étudiant en histoire étaient de ne pas maîtriser le néerlandais, l’allemand et le latin (un comble pour un aspirant médiéviste) et ne pas avoir lu L’histoire de Belgique d’Henri Pirenne (Vervier 1862-Uccle 1935). Je n’en suis pas tout à fait revenu.

 

Pirenne, c’est daté, très imparfait, situé, mais on n’a rien fait de mieux depuis, proclamait mon directeur de mémoire, pourtant très en phase avec son temps.

 

Le nom d’Henri Pirenne a été évoqué dans le texte de la lettre 1. Je l’y classais parmi les historiens du roman national. C’est effectivement le cas. Il serait par exemple inconcevable, pour un historien d’aujourd’hui, de faire remonter, comme il l’a fait, l’idée de civilisation belge au plus lointain Moyen-Âge. Qu’est-ce, d’ailleurs, qu’une civilisation, commencerait-il par se demander.

 

Et pourtant…

 

Outre ce monument, Pirenne a fait date pour l’esprit du discours dont est extraite notre épigraphe et qui traduit ses aspirations, déjà présentes dans son Histoire de Belgique.

 

Il y prône l’ouverture de la discipline historique aux sciences sociales, en pleine efflorescence en ce début de XXe siècle. Il y défend la méthode comparative et l’histoire universelle.

 

À défaut d’un petit dessin, voici un autre extrait de ce fameux discours :

« Serait-il irrévérencieux de dire qu’il arrive trop souvent à l’historien de se conduire à l’égard de sa nation comme l’architecte à l’égard de ses clients ? Il cherche avant tout à lui fournir une histoire conforme à ses goûts et à ses mœurs, bref, une histoire habitable. Mais l’histoire, en tant du moins qu’elle revendique le nom de science, ne s’applique pas à la pratique, elle ne s’applique qu’à la vérité. Et comment est-il possible de découvrir la vérité, si ce n’est en tournant ses regards vers elle ?

Il n’y a de science que du général, et pour comprendre l’histoire d’un peuple, il faut donc non seulement le situer à la place qu’il occupe dans l’ensemble des autres peuples, mais encore ne jamais perdre de vue ceux-ci durant qu’on l’étudie. C’est là le seul moyen d’échapper aux mirages de l’imagination, aux illusions de la sensibilité, aux entraînements du patriotisme.»

 

Pirenne marque les esprits au point de bientôt inspirer les fondateurs d’une revue française qui constituera un tournant dans la manière d’envisager l’histoire : les Annales d’histoire économique et sociale (plus sobrement appelées : les Annales).

 

C’est le grand médiéviste Jacques Le Goff (1924-2014) qui l’a écrit, dans un article consacré à l’histoire de la revue qu’il a lui-même dirigée, bien des années plus tard.

 

Il est significatif de considérer les objets d’étude de ces « nouveaux historiens ».

 

L’un des fondateurs des Annales, Lucien Febvre, écrit Le problème de l’incroyance au XVIe siècle : la religion de Rabelais.

 

Quel rapport les hommes et les femmes du XVIe siècle entretenaient à la religion ? Quels éléments nous permettent de savoir s’ils croyaient ou non en dieu ? L’époque était à l’inquisition la plus féroce. Quelles traces (quelles imprudentes preuves, donc) ont pu laisser d’éventuels incroyants de leur absence de foi ?

 

Lucien Febvre écrit son livre en 1942 comme un moyen de problématiser le phénomène religieux, le nationalisme en étant un avatar moderne à abattre, a fortiori sous la forme du fascisme, du nazisme ou du pétainisme.

 

S’inspirant de ces questionnements, un autre historien se demandera, bien plus tard, si les Grecs ont cru à leurs mythes (Paul Veyne, 1984).

 

Un an plus tard, l’historien belge Jean Stengers écrit un livre érudit sur l’histoire de la masturbation (Histoire d’une grande peur. La masturbation, 1985).

 

En écho à un exergue précédent (Renan, à propos de l’oubli nécessaire à la création d’une identité nationale), je mentionne encore, parmi tant et tant d’études passionnantes, le travail d’une historienne relatif à l’oubli des morts, de la violence et des guerres imposé aux Athéniens de l’époque de la guerre civile de -404 (Nicole Loraux, La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, 1997).

 

Les sujets d’études de Jacques Le Goff sont aussi significatifs. Grand défenseur d’une histoire des mentalités, ses sujets d’études sont : les symboles, les rêves, les images, l’alimentation, les vêtements, le temps…

 

Un autre enjeu démocratique important pour ces historiens est d’ouvrir les questions posées par leur pratique (en tant que discipline scientifique) au plus grand nombre. Par esprit citoyen. Pour contrer leur instrumentalisation et les mortelles dérives de leurs usages fallacieux.

 

On en passe donc d’abord par des revues. Puis par la radio. Plus tard, par la télévision.

 

De 1968 à sa mort, Le Goff, bientôt rejoint par d’autres (dont la formidable Michèle Perrot), anime l’émission hebdomadaire Les lundis de l’histoire, sur France Culture. Son ambition était d’ouvrir les enjeux des méthodes historiques actuelles au plus grand nombre.

L’histoire telle qu’elle m’a été enseignée était plus ouvertement marxisante. Il s’agissait de considérer l’histoire longue des institutions et, surtout, de l’économie. C’est du moins le souvenir que j’en garde.

 

Elle était rivée sur le document et sa critique, cette histoire. Dans nos travaux écrits, les notes de bas de page occupaient tout l’espace, laissant peu de chance à un récit entraînant de s’installer.

 

Quel était mon état d’esprit à telle période de ma vie ? Quels étaient mes goûts ? Mes aspirations ? Mes valeurs ? Mes croyances ? Il m’est souvent difficile de m’en souvenir. Et voilà que des historiens font métiers de poser ces questions aux sociétés passées. Étrange et vertigineuse ambition. Mais quelle serait notre compréhension du passé sans ce travail. Il faudrait se satisfaire de la chronique des cours et des guerres que les pouvoirs se mènent, au dépend de la masse populaire dont on ne saurait rien des aspirations, de la sensibilité,… Cette « histoire bataille » (mais s’agit-il même d’histoire ?), on le sait, n’en finit pas de ressurgir dans la bouche des nostalgiques du passé et des pouvoirs anciens.

 

Un des derniers ouvrages consultés avant de conclure mon mémoire fut la remarquable thèse de Michel Colardelle intitulée Les chevaliers de l’an mil au lac de Paladru (1993). On se souviendra du passage du film de Resnais, cruel et affectueux à cet égard, sorti ces années-là.

 

Après m’être intéressé à la notion de pudeur, ne pouvant faire un mémoire sur les larmes au Moyen-Âge, un ouvrage sur le sujet étant alors en préparation, j’ai finalement rendu un travail intitulé : Le toucher au XIIe siècle : à travers les oeuvres de Chrétien de Troyes, Thomas, Beroul et Marie de France.

 

Cette effroyable révélation clôt cette première série de petits textes consacrés à l’histoire de l’histoire.

 

Bon début d’été à vous,

 

Je vous embrasse,

 

Renaud

Un lundi sur deux, Renaud Van Camp publie ici un texte original en lien direct ou indirect avec le travail en cours sur le spectacle Maria et les oiseaux (histoires de Belgique) (création 24-25).

Été 99 : plomb dans l’aile d’une vocation d’historien

« En 2022, les Archives de l’État ont acquis quelque 12 km linéaires d’archives, portant le total des archives gérées à plus de 385 km (…). Plus de 5,5 km linéaires d’archives ont été rendus accessibles par le biais d’inventaires et d’autres accès aux archives. Plus de 100 millions de pages ont été consultées lors de plus de 2 millions de visites en ligne. »

Rapport annuel des Archives de l’Etat, 2022

 

 

Si tu ne réussis pas ton année, je te demanderai de quitter la maison et cesserai de payer tes études, m’avait dit mon père furieux. Il n’était pas homme dont on doutait de la parole. C’était la fin du mois de juin 1999. Ma deuxième année d’unif s’achevait et je n’avais réussi qu’un examen en première session.

 

Adolescent solitaire, je découvrais enfin les joies de la sociabilité heureuse et stimulante. L’engagement politique, aussi. Quelques mois auparavant, la mort de Semira Adamu avait éveillé ma conscience citoyenne. Avec une amie, nous avions coordonné un petit livre sur le sujet de l’immigration en Belgique. Nous ne manquions pas une manif. Les études étaient passées à l’arrière-plan de mes préoccupations.

 

L’annonce de mon père m’ayant mis sens dessus dessous, j’avais postulé à la bibliothèque des sciences humaines pour y être aussitôt engagé comme jobiste. J’y travaillerai sept ans. Jérôme y devint bientôt mon collègue de travail.

Nous travaillions au service de prêt, encodions les livres entrants et sortants, cherchions et rangions les livres stockés dans les « silos », immense réserve souterraine abritant les ouvrages plus fragiles ou moins consultés.

 

En forme de Toblerone, la nouvelle bibliothèque venait d’être inaugurée (1994) sous l’impulsion de l’ancien recteur, Hervé Hasquin, par ailleurs ministre-président (PRL) de la Communauté française à l’initiative du Théâtre des Doms.

 

Un million de livres étaient rangés dans ses sous-sols, sur 25 km de rayonnages. Des kilomètres entiers demeuraient vides pour accueillir les livres à venir. En cette fin d’années 1990, des bases de données informatiques remplaçaient peu à peu les millions de fiches accumulées par la bibliothèque universitaire depuis l’adoption du catalogue sur fiches (1898).

 

Après leurs déménagements dans le nouveau bâtiment, faute de moyens pour les reclasser selon un système de cotation homogène, les livres étaient répartis selon différents classements.

 

Les ouvrages les plus récentes portaient des cotes numériques croissantes, en fonction du moment de leur acquisition.

 

Le système historique était dit CDU, pour Classification décimale universelle. À chaque livre correspondait une cote décimale en fonction de son sujet. Qui a tenté de ranger une bibliothèque abondante sait les limites de tout système de classement…

 

Exemple :

Serge Jaumain, Les petits commerçants belges face à la modernité (1880-1914), Editions de l’Université de Bruxelles, 1995

 

Cote : SILO-NB 305.55 JAUM

 

Pour :

300 : Généralités sur les sciences sociales
305 : Groupes sociaux
305.5 : Sociologie des classes sociales (inégalités sociales, lutte des classes, ouvrages interdisciplinaires sur les aspects sociaux…)
305.55 : Sociologie des classes moyennes (bourgeoisie, bureaucratie, classe aisée, employés)

 

Ce système de cotation fut développé en 1876 par l’Américain Melvil Dewey (1851-1931). Il s’agissait de doter les bibliothécaires du monde entier d’un outil leur permettant de ranger les livres selon un système universel. Il avait été amélioré par deux Belges, Paul Otlet (1868-1944) et Henri La Fontaine (1854-1943).

 

Socialistes, pacifistes, internationalistes, anticolonialistes… et utopistes, ils étaient convaincus que la diffusion des savoirs participerait à la paix mondiale. Ils se firent promoteurs de la documentation comme discipline scientifique à part entière.

 

Ils imaginèrent ériger un Palais mondial-Mundaneum visant à intégrer tous les savoirs du monde, sorte de Google de papier, mais furent submergés par l’ampleur du développement technique de l’époque où l’industrialisation toucha aussi la production documentaire. L’ambitieux projet pris ses quartiers dans une aile du tout nouveau Palais du Cinquantenaire.

 

Ils rêvèrent, avec Le Corbusier, à un projet de Cité mondiale, centre de connaissances et de rencontre entre les peuples, capable d’accueillir un million d’habitants.

 

Initiés à la fin du XIXe siècle, ces projets périclitèrent dès les années 20. Le Mundaneum est délogé. L’immense quantité de documents et fiches patiemment accumulés sont ventilés ou disparaissent avec le rêve dont ils procédaient.

 

Des décennies plus tard, l’émergence d’Internet ravivera l’intérêt pour cette initiative flamboyante. On part sur ses traces qui, partiellement recueillies, sont réunies à Mons, où le Mundaneum est inauguré en 1998.

 

***

 

Cette même année 1998-1999, notre séminaire d’histoire contemporaine portait sur l’Exposition universelle qui s’est tenue à Bruxelles en 1935. Le plateau du Heisel avait été bâti pour l’occasion, en hommage au centenaire de la Belgique. Ses anciens palais en témoignent encore.

 

J’ai passé la moitié de mon été à dépouiller les poussiéreux dossiers administratifs relatifs au pavillon du gaz. Étonnement, c’était passionnant.

 

La Belgique a accueilli plusieurs Expositions universelles : à Bruxelles en 1897 (parc du Cinquantenaire), 1910 (plateau du Solbosch), 1935 (plateau du Heisel), 1958 (idem), à Liège en 1905 (parc de la Boverie) et 1939 (interrompue par le déclenchement de la deuxième guerre), à Gand en 1913 (la dernière avant la première guerre)…

 

Conservées aux Archives générales du Royaume (AGR, rue de Ruysbroeck, à côté du Sablon), mes dizaines de liasses d’archives n’avaient sans doute plus été ouvertes depuis les années 30. Elles m’étaient apportées sur des chariots rouillés et grinçants par un archiviste acariâtre.

 

Les AGR constituent le coeur des Archives de l’État qui abritent donc 385 km d’archives dans ses différents bâtiments.

 

Et c’est peut-être là mon point.

 

Face à la crise de l’idée de progrès provoquée par la première guerre mondiale, à la menace que constituait désormais l’idée de nation, aux bouleversements sociaux consécutifs à la guerre et à l’industrialisation, à l’émergence des sciences sociales, à l’inflation des publications, à la multiplication et la diversification des sources, à la nouvelle manière d’envisager la notion même de source… les historiens et historiennes des années 20-30 durent réinventer leur discipline. C’est ce que nous envisagerons bientôt.

 

***

 

Ma vocation d’historien devait tout (à ma grand-mère paternelle et) au roman Le nom de la rose d’Umberto Eco. Pour le rire. Pour le livre interdit. Pour la bibliothèque en flamme qui contenait tous les savoirs.

 

Cet été 99, ma vision romanesque et mythologique du métier d’historien s’est noyée dans l’idée des kilomètres d’archives et de livres à engloutir pour accéder à la rigueur la plus élémentaire requis par sa pratique.

 

La miraculeuse réussite de ma seconde session m’assura un avenir de Tanguy qui sortira au cinéma deux ans plus tard.

 

Les passages télévisés de Fabrice Luchini me fascinaient. L’idée de devenir acteur ne m’avait pas encore effleuré.

 

Renaud Van Camp

 

Un lundi sur deux, Renaud Van Camp publie ici un texte original en lien direct ou indirect avec le travail en cours sur le spectacle Maria et les oiseaux (histoires de Belgique) (création 24-25).

L’historien et le roman national (1)

« L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, est un facteur essentiel de la création d’une nation, et c’est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger. L’investigation historique, en effet, remet en lumière les faits de violence qui se sont passés à l’origine de toutes les formations politiques, même de celles dont les conséquences ont été le plus bienfaisantes. L’unité se fait toujours brutalement ; la réunion de la France du Nord et de la France du Midi à été le résultat d’une extermination et d’une terreur continue pendant près d’un siècle. »

Ernest Renan, Qu’est-ce qu’une nation ? Conférence faite à La Sorbonne, le 11 mars 1882

 

Dans le sillage des révolutions anglaise (1642-1651) et, plus directement, américaine (1765-1783) et française (1789), le XIXe est le grand siècle des nationalismes.

La période antique, grecque et romaine, n’est plus le modèle idéal auquel se mesurer (politiquement, artistiquement…), comme c’était le cas depuis la Renaissance. On cherche désormais en soi les traces d’un passé auquel se rattacher.

Le mouvement culturel romantique irrigue le siècle d’un imaginaire fantasmant les racines, les origines ethniques, géographiques…

Les historiens contribuent à l’édification d’autant de romans nationaux. Jules Michelet (1798-1874) et Ernest Lavisse (1842-1922) en sont les modèles du genre, pour l’histoire de France. Leurs équivalents belges pourraient être Godefroid Kurth (1847-1916) et, surtout, Henri Pirenne (1862-1935) qui fait remonter l’existence et le fait unitaire belge au Moyen-Âge.

Inspirés par leurs récits, les grandes villes occidentales s’ornent des sculptures glorifiant les héros « nationaux ».

Place royale, à Bruxelles, la spectaculaire statue de Godefroy de Bouillon (par Eugène Simonis, 1848) relie l’existence de la Belgique à l’époque de la première croisade (1096-1099).

Les façades de l’hôtel de ville sont recouvertes de statues, manière de galerie de portrait des gloires nationales : nobles, scientifiques, artistes… Ces statues du XIXe siècle ornent donc un édifice érigé dans la première moitié du XVe.

L’idée de Moyen-Âge avait été forgée à la Renaissance pour dénigrer les siècles la séparant de l’Antiquité. Elle rentre en grâce au XIXe siècle. On restaure de fond en comble les monuments hérités de cette période (hôtel de ville, donc, Saints-Michel-et-Gudule, les restes des murailles…).

On bâtit aussi du neuf dans le style ancien : c’est l’avènement du néo-gothique. Les églises Saint-Boniface à Ixelles (1846-1885), Sainte-Catherine dans le Centre ville (1854-1874), Saint-Gilles (parvis de Saint-Gilles, 1868-1878), Saint-Servais à Schaerbeek (1871-1876), Notre-Dame de Laeken (1854-1911), attestent de cette vogue, comme aussi le Petit Château (1852) et la prison de Saint-Gilles (1878-1884).

L’abomination de la Première guerre mondiale vient fracasser ces schémas de pensée. Les Etats-Nations européens se sont érigés les uns contre les autres dans une lutte à mort, avec tous les moyens de l’industrie.

Au sortir de la guerre, les artistes dadaïstes, puis les surréalistes, diront leur haine de l’ordre établi.

L’histoire est également profondément remise en question dans ses finalités.

Nous y reviendrons bientôt.

 

Renaud Van Camp

 

Un lundi sur deux, Renaud Van Camp publie ici un texte original en lien direct ou indirect avec le travail en cours sur le spectacle Maria et les oiseaux (histoires de Belgique) (création 24-25).

Retour à La Chartreuse

Deux ans après leur première session à La Chartreuse Cnes de Villeneuve lez Avignon, Thomas et Antoine sont de retour pour poursuivre l’écriture de « Maria / Belgique » (ce projet qui change de nom tous les six mois depuis plusieurs années !).
Maria / Belgique c’est l’histoire de Maria, née en 1927, qui aurait pu être la grand-mère d’Antoine ou celle de Thomas, qui a vécu toute sa vie à Haumières, village fictif situé à quelques kilomètres de la frontière française, de la frontière linguistique et de l’Escaut,
et, en parallèle à cette histoire de Maria et de ses proches,
c’est l’Histoire de Belgique, les événements politiques et historiques majeurs dont Maria est témoin entre 1945 et aujourd’hui.
Il s’agit d’une fiction, prenant appui sur un matériau documentaire conséquent, qui inventorie le passé belge récent et explore comment le passage progressif d’un état unitaire à un état fédéral a pu influer sur l’identité (multiple) d’un peuple, le nôtre.
La création est prévue à l’automne 2024.
Au boulot !

Mort de notre ami et collègue Philippe Jeusette

Philippe Jeusette, acteur hors-normes, brillant et généreux, est mort ce 25 août. Il avait joué dans deux spectacles récents de notre compagnie (Crâne et Le roman d’Antoine Doinel).

Sa disparition nous laisse sidéré·es de tristesse.

Le site des Archives et Musées de la Littérature publie quelques-uns des textes lus lors de la cérémonie d’hommage qui lui a été rendue au Théâtre de Poche le 31 août 2022, dont celui d’Antoine Laubin.

Une pleine page dans Le Soir !

L’édition papier du quotidien belge de référence consacre une pleine page à notre spectacle Macadam Circus, actuellement programmé par La Manufacture au musée Angladon, dans le cadre du Festival Off d’Avignon.

Il s’agit d’un long article de Jean-Marie Wynants, à mi-chemin entre la critique enthousiaste (« une performance époustouflante ») et le reportage de terrain relatant la réalité des compagnies jouant dans le Off.

Presse d’Avignon

Axel Cornil par Alice Piemme / A.M.L.

Les représentations de Macadam Circus au Musée Angladon / La Manufacture se poursuivent et de nouvelles critiques arrivent :

 

Macadam avignonnais !

Notre spectacle Macadam Circus se joue actuellement à Avignon dans la majestueuse cour extérieure du Musée Angladon, programmé par La Manufacture !

Il est épinglé parmi les 50 incontournables du OFF (sur plus de 1600!) par le site Le Bruit du Off.

Il est retenu parmi les 5 spectacles belges coups de coeur à ne pas manquer du journal L’Echo.

La cour est ombragée, Axel est généreux, on vous attend !

Les réservations se font ici.

PROJET-BELGIQUE (recherche de plateau)

Actuellement en atelier de recherche au Théâtre Varia :

Il s’agit d’entreprendre un travail exploratoire. 

Il s’agit d’explorer notre mémoire collective des 80 dernières années. 

Notre mémoire collective : celle des francophones de Belgique (qui n’est ni celle de France ni celle de Flandre) et de celleux qui vivent et ont vécu avec ou auprès d’elles et eux, en Wallonie et à Bruxelles. 

Il s’agit d’entreprendre un travail de recensement, de récolte, de collecte, d’écoute. 

Pour nourrir et engranger un geste artistique, une oeuvre. D’emblée et alors qu’elle n’existe pas encore, nous souhaitons que cette oeuvre soit hétérogène, composite, qu’elle soit fiction et document, acte d’archive et saga romanesque.

Qu’elle résulte, comme le pays, d’un agencement.

Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Service Général de la Création Artistique – Direction du Théâtre.

Macadam à Bruxelles !

? C’est la reprise pour Macadam Circus ! ?
Retrouvez-nous les 28, 29 et 30 juin et 1er juillet à 19h programmés par La Maison poème à l’Académie Arthur De Greef (Saint Gilles). Ces représentations ont lieu dans le cadre du Off de Propulse.
Réservations : info[at]midisdelapoesie.be
© Alice Piemme

Tour de Crâne suisse !

Crâne est actuellement en tournée en Suisse romande, où il reçoit un très bel accueil, comme en témoigne cette belle critique dans le quotidien national Le Temps ou ce texte attentif et enthousiaste publié sur le site La Batoille. 

Après Yverdon ce 20 mars, nous jouerons encore à Sion le 22 et à Bienne le 24. 

HAUMIÈRES 45-20 – Lecture publique le 12 juin

Suite du projet au long cours mené par notre compagnie, Heimat devient désormais Haumières 45-20 – À la recherche d’une mémoire collective.

Après deux résidences d’écriture prolifiques début 2021, nous proposons, le 12 juin à 15h00, une lecture publique de la première des cinq parties qui composent notre fresque inédite, suivie d’un échange avec l’équipe dans le studio du Petit Varia (154 rue Gray à Ixelles).

Texte inédit de Thomas Depryck et Antoine Laubin, lu par Valérie Bauchau, Caroline Berliner, Adrien Drumel, Sarah Lefèvre, Jérôme Nayer, Renaud Van Camp et Antoine Laubin.

Production : Camille Lefèvre pour De Facto

Avec le soutien du Théâtre Varia et de Mars – Mons arts de la scène.

On prolonge !

Toutes les dates prévues affichant complet, nous sommes très heureux d’ajouter quatre dates supplémentaires à la série de représentations de Macadam Circus chez nos ami·e·s du Théâtre Varia, les 16, 17, 18 et 19 juin à 19h00.

Réservations indispensables auprès de Shanti : 02 640 35 50 – reservation@varia.be ou achat en ligne ici

Complet jusqu’au bout !

Après une première semaine pluvieuse, Macadam Circus a pris son envol !

Retrouvez photos et critiques du spectacle sur la page dédiée.

Une liste d’attente est ouverte chaque soir de représentations à partir de 18h30 à la billetterie du Grand Varia.

Macadam Circus : annulation de la représentation du 19 mai

Nous étions prêts, nous étions chauds.
La météo en aura décidé autrement…
Nous sommes contraints d’annuler la première de Macadam Circus ce soir. Les spectateurices ont été contacté·e·s pour programmer le report des places.
On croise les doigts pour demain !
Photo : Axel Cornil par Alice Piemme